La Compagnie MARÉE BASSE
présente
Conception et mise en scène
Cécile FEUILLET
Collaboration artistique
Pauline MAREY-SEMPER
Équipage
Anaïs CASTÉRAN — Cécile FEUILLET
Jade LABESTE — Pauline MAREY-SEMPER
Alice RAHIMI — Mathilde WEIL
Direction musicale
Nikola TAKOV
Administratrice de production
Maëlle PRÉVÔT
Scénographie
Frank ÉCHANTILLON — Diane MOTTIS & Julien PUGINIER
Création lumière / Création sonore
Simon FRITCSHI / Marion CROS
Régie Plateau
Nehmatallah SKAF
Décors & Costumes
Valy MONTAGU
DURÉE : 1H20
Coproduction
THÉÂTRE DE LA CITÉ INTERNATIONALE — THÉÂTRE OLYMPIA, CDN DE TOURS
— LE JEUNE THÉÂTRE NATIONAL — CNSAD-PSL
Il y a fort longtemps, un équipage de marin[e]s d’eau douce disparut au beau milieu de l’océan Atlantique. Il était à la recherche d’un miracle et clamait pouvoir le retrouver en foutant le camp des rivages terrestres, à bord de leur radeau de fortune et guidé par un manuel d’utilisation pas comme les autres.
Personne n’a jamais su ce qui est advenu du [Radeau] et de ses compagnon[ne]s.
Mais un jour, la mer a fini par abandonner la terre, découvrant la misérable embarcation qui, depuis tout ce temps, reposait au fond des eaux. L’épave fut retrouvée dans le ventre d’une gigantesque méduse, conservant à merveille les êtres et les objets qui auraient dû disparaître. Le [Radeau] découvert fut ensuite emmené dans une salle où peuvent désormais se réunir les visiteur·euses avides de connaître son récit. Guidé·e·s dans le hall et dans le couloir d’accès par un préambule sur ce qu’on sait du navire, iels pourront comprendre ce qui a certainement poussé cet équipage à partir, et comment ce dernier fut découvert.
Grâce à cette assemblée réunie et par la magie d’une poignée tirée, puis plusieurs, l’équipage du [Radeau] se réveille d’un sommeil immémorial pour revivre cette aventure dont iels doivent retrouver petit à petit le souvenir. Engourdi·e·s par l'inertie, iels doivent se réinventer, individuellement puis ensemble, de leur manière de se mouvoir jusqu’au langage même, dans ce monde à sec et qui ne leur appartient plus. Mais devant ce parterre de spectateurs·ices qui attendent la découverte d’un miracle, il faut tout faire pour sauver les apparences, faire en sorte que la quête se perpétue – sans quoi le miracle ne serait plus qu’un vain espoir. Notre équipage, si prompt au naufrage, finira par trouver dans l’union de leurs maigres forces et de leurs caractères outranciers le courage et la ferveur nécessaires à cette découverte extraordinaire – et qui ne se cache pas toujours où l’on pensait le trouver.
« Un nouvel événement, car tout était événement pour des malheureux pour qui l’univers était réduit à un plancher de quelques mètres, que les vents et les flots se disputaient au-dessus de l’abîme, un événement donc vint apporter une heureuse distraction à la profonde horreur dont nous étions suivis. Tout à coup un papillon blanc [...] nous apparut voltigeant au-dessus de nos têtes, et se reposa sur notre voile. »
Le Naufrage de la Méduse, Alexandre Corréard et Jean-Baptiste Savigny
— rescapés du radeau de la Méduse en 1816.
TOUT a commencé sur une petite île des Cyclades en Grèce. Invitée par le Festival International de Milos, la première étape de ce projet était d’être amenée à construire un radeau à l’aide des matériaux trouvés sur l’île et ce parfois avec la complicité de ses habitant·e·s. Par le biais de ces rencontres souvent merveilleuses et parfois déroutantes, et parce qu’il fallait bien faire quelque chose de ce rafiot une fois construit et posé sur la plage, m’est venu l’idée qu’il fallait l’inaugurer et revisiter nos plus anciennes traditions. « Attraversiamo », disent les italiens, « traversons » et nous verrons bien. Cette folle entreprise, il fallait lui rendre hommage, parce qu’elle est impétueuse, aussi insouciante que la jeunesse, pleine de sens mais souvent tragique — car on ne quitte pas les rivages qui nous ont vu naître tranquillement. Qu’est-ce qui s’est enfoui derrière la notion du « miracle » ? Cette quête aussi admirable que ridicule, est-elle une fuite ou la véritable recherche d'un monde nouveau ? Et derrière nous, renforcée par le danger des eaux incertaines, il y a sans cesse cette petite voix qui nous rappelle que toute cette entreprise est vouée à l’échec — il n’y a qu’à voir cet équipage malhabile. C’est cette notion d’échec et de dérive qui nous a portées comme un vent inconstant et heureux, soutenue cette fois par des personnages proches de clowns, sans origines fixes, voués à une fin des plus cruelles mais dont le panache employé à se planter finit par nous enivrer. De la même manière que l’artiste-performeur Bas Jan Ader décidai de mener sa recherche en traversant l’Atlantique en optimiste, symbole d’une génération en perdition, qui sait si au bout de cet échec certain quelque chose d’exceptionnel pourrait nous arriver ?