© Guillaume ROGUIER
La Compagnie MARÉE BASSE
présente
Conception et mise en scène
Cécile FEUILLET
Collaboration artistique
Pauline MAREY-SEMPER
Avec
Logann ANTUOFERMO — Émilie BABA
Jade LABESTE — Charlie NELSON
Alice RAHIMI — Mathilde WEIL
Scénographie
Diane MOTTIS & Julien PUGINIER
Création lumière
Claire ELOY
Création sonore
Marion CROS
Costumes
Linda BOCQUEL
Administratrice de production
Maëlle PRÉVÔT
Production déléguée
THÉÂTRE ROMAIN ROLLAND
Coproduction
Le THÉÂTRE ROMAIN ROLLAND – Le THÉÂTRE DE LA CITÉ INTERNATIONALE –
Le JEUNE THÉÂTRE NATIONAL – Le THÉÂTRE OLYMPIA, CDN DE TOURS
Projet soutenu par le
Le MINISTÈRE DE LA CULTURE, Direction Régionale des Affaires Culturelles d'Île-de-France –
La Région ÎLE-DE-FRANCE – Le Département VAL-DE-MARNE – La SPEDIDAM
sommes dans l’un des derniers parcs ostréicoles, sur des côtes autrefois fertiles en bivalves où ne se bornent plus que quelques étals. La famille Broc, aux corps et aux figures déformés par les eaux salines, tels de vieux navires depuis longtemps abandonnés, s’épuise encore et toujours au rythme sempiternel des marées, et ce malgré la rumeur d’une marée haute qui ne redescendrait plus. Il y a le Père qui croule sous les dettes de son entreprise, la Mère qui tente de maintenir au mieux la barque à flot, leur Drôle qui a sa propre vision du métier, le Vieux qui s’en tient aux traditions, et la Crible, l’employée discrète et fidèle. NOUS
Un très-tôt-matin de marée basse, la famille tombe sur un étrange personnage retrouvé face contre vase. Incapable de parler autrement que par comparaison à l’huître, La Sourdine (comme ils la surnomment) cherche à comprendre la langue des huîtres, et comment la disparition progressive de celles-ci coïncide avec celle du reste de l’humanité, et ce avec son étrange panoplie d’instruments-enregistreurs et son irrépressible odeur de poisson. Accueillie plus ou moins cordialement par les Broc, La Sourdine continue de sonder les huîtres tout en se frottant aux humains – qu’elle appréhende bien moins. À force de les questionner et de les embarrasser, elle finit par perturber l’équilibre d’un système que jusqu'ici personne ne questionnait : tais-toi et travaille. Alors, ce seront les âmes qui s’ouvriront, laissant apparaître, à travers leur pudeur extraordinaire, et telles des perles rares, l’indicible de leurs profondeurs.
Il s’agit d’une écriture en trois temps : l’écriture d’un journal du temps que j’ai passé à travailler dans les parcs à huîtres, une récolte de discussions et de témoignages avec des familles ostréicoles, puis la création du spectacle librement inspiré de ces différents matériaux. De ces paroles, j’ai souhaité décortiquer la routine des travailleur·euse·s de la mer pour en tirer une poétique du détail, et les transformer en actes spectaculaires. Il ne s’agit donc pas de reproduire une expérience documentaire, mais de tirer de ces archives les personnages qui composeront le spectacle.
J’ai souvent demandé aux travailleurs•euses : peut-on trouver des points communs entre l'humain et l'huître ? Peut-on les observer et les écouter, de façon quasi scientifique, et tirer des hypothèses communes sur leur usage du monde ? Nous sommes partis du principe que oui. Nous avons alors fouillé au creux de ces personnages (et un peu en nous) comme on cherche une perle rare : son étrangeté, sa beauté et laideur mêlées, sonder leurs propres abysses qui se caractérisent par la pudeur que le temps et l’ardeur du travail ont forgés.
Cette recherche, symbolisé par le biais de la Sourdine, se fera par le surgissement d’une parole soi-disant anecdotique qui, à force de ressasser le futile, finit par révéler l'essentiel. La parole empêtrée dans son moulin sera la sonde qui fera remonter des abysses les sentiments les plus profonds, quand bien même cette parole émane d’un geste ou d’une pensée on ne peut plus ordinaire.